REUNIONS DE L'APPD
ffets indésirables gastro-intestinaux iatrogènes et psoriasis. Réunion du 06 06 2019
Docteurs Michael Collins et Ph. Beaulieu
Diarrhées
Diagnostic différentiel des diarrhées aigues
- Autres causes de diarrhée : Infections, diarrhées des immunodéprimés, diarrhées médicamenteuses;
- Ce qui n'est pas une diarrhée : polydéfécation, troubles de l'exonération, constipation terminale sévère.
Evaluation de la gravité de la diarrhée
Signes cliniques de gravité :- Diarrhée aigüe > 6 selles par jour, selles nocturnes, incontinence, ou déshydratation (soif, pli cutané, troubles hémodynamiques)
- Diarrhée chronique > 3 selles par jour
- Syndrome rectal (faux besoin = sensation imminente de défécation non suivie d'effet)
- Entérocolite infectieuse : à évoquer en cas de fièvre, douleurs abdominales, rectorrhagies
- Oedème des membres inférieurs (par exsudation +++)
- Amaigrissement : évaluer le poids et l'historique du poids
- Infection => culture de selles systématique en cas de syndrome dysentérique (fièvre et diarrhées sanglantes)
- Perturbation du ionogramme sanguin (dont Mg / Ca)
- Hypoalbuminémie, anémie, carence vitaminique ou martiale
- Syndrome inflammatoire intestinal : NFS, CRP, calprotectine fécale (élévation > 50 µg/g => affirme MICI ou colite)
- En cas de suspicion de malabsorption dans le cadre d'une maladie coeliaque > recherche DH, dosage des Ac IgA anti-transglutaminase couplé avec le dosage pondéral des IgA
Etiologie des diarrhées iatrogènes chez un patient psoriasique
- Diarrhée des immunodéprimés
- colite à CMV > endoscopie, PCR-CMV dans le sang et sur biopsie
- infection digestive à Clostridium difficile :
- recherche de GDH dans les selles qui signe la présence de C. difficile (glutamate déshydrogénase = enzyme présente chez C. difficile)
- si GDH positive > rechercher la toxine par PCR
- Infection banale ou exotique associée : toujours y penser
- salmonelles, shigelles
- protozoaires (giardiase/lambliase, Isospora belli), microsporidie, Campylobacter jejuni (Thaïlande ++), Cyclospora (Népal) ...
- Colite iatrogène "directe" : plusieurs mécanismes sont souvent intriqués
- AINS
- Biguanides : modifie le microbiote intestinal, pourrait augmenter la sécrétion (mécanisme associé)
- Immunothérapie, en particulier les biothérapies anti-Pd1 (5 à 15% des cas) et anti-CTLA-4 (jusqu'à 25% pour l'ipilimumab)
- Otezla ® (aprémilast) : augmente l'AMPc dans la cellule (à comparer avec la toxine cholérique qui active l'adényl cyclase)
- 20 à 25% d'effets secondaires digestifs
- 12% d'arrêt du traitement
Traitement de la diarrhée sous aprémilast (Otezla ®)
- Augmentation progressive des doses / baisse ou arrêt de la dose d'aprémilast
- si < 3 selles /jour surveiller et traiter par antidiarrhéiques
- si > 3 selles /jour : baisse de la dose d'aprémilast, Tt corticoïde
- en cas de signes de gravité, de persistance de la diarrhée ou de récidive après arrêt du Tt : demander toujours un avis spécialisé (endoscopie...)
- Ordonnance de traitement symptomatique "au cas où"
- Racédotril (Tiorfan ®)
- diminue la sécrétion sans inhiber le transit > bien
- posologie : 1 gélule à 100mg 3x/jour, 1 semaine. Il est rassurant de garder 1 cp de secours dans la poche
- potentialise l'apparition d'oedème de Quincke aux IEC > éviter association aux IEC en particulier en cas d'antécédent d'oedème aux IEC (bénazépril, fosinopril, lisinopril, périndopril, zofénopril...)
- Lopéramide (Imodium ®)
- morphinoïde, ralentit le transit > CONTRE-INDIQUE en cas de sang dans les selles
- peut être associé au racedotril (mécanisme d'action différent)
- éviter son association avec le Smecta® (argile + lopéramide => fécalome)
- Réhydratation
- avec Soluté de réhydratation orale (SRO) : Adiaril ® (1 sachet pour 200 ml, si possible réfrigéré)
- en voyage : Coca cola + 1 cuillérée à soupe de sel ou Saint-Yorre + 1 cuillérée à soupe de sucre
- Régime :
- pauvre en résidus et en laitages,
- pauvre en bases xanthiques (le café fait sécréter)
- sans nicotine (pas de sécrétion augmentée mais accélération du péristaltisme)
- Traitement d'une infection sous-jacente (en voyage ++)
- Antibiotiques
- ciprofloxacine (Ciflox ®) : 500 mg 2x/j, 3 à 5 jours (mais il existe des campylobacter résistants)
- azithromycine (Zithromax 250 ®) : 500 mg/j, 3 jours
- autre antibiothérapie adaptée (amibes, cyclospora...)
Vomissements
Diagnostic différentiel des vomissements iatrogènes
Les vomissements peuvent révéler une urgence médicale ou chirurgicale- Gastroentérite aigüe : habituellement virale en France, le plus souvent bactérienne sous les tropiques (diarrhée du voyageur)
- Obstruction digestive, occlusion (absence de transit, intolérance alimentaire)
- Hypertension intracrânienne
- Toxique ou métabolique
- alcool, cannabis
- acidose, insuffisance rénale, hyperthyroïdie
- grossesse
Traitement des vomissements iatrogènes
Traitement médicamenteux
- Réhydratation orale : Adiaril ®
- Neuroleptiques antidopaminergiques : Métoclopramide (Primpéran ®), Métopimazine (Vogalène ®)
- Neuroleptiques antagonistes de la sérotonine : Odensétron (Zophren ®, hors AMM mais peu cher)
- associable aux antidopaminergiques
- posologie : 8 mg matin et soir (par voie orale)
- Sont de moindre intérêt ou abandonnés : Ercefuryl, Dompéridone (non antiémétique, prokinétique, utilisé en cas de reflux)
Conseils hygiéno-diététiques
- Eviter les repas "lourds" (= riches en graisses)
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